Album « Walk the Walk »
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★ HARRY J. RECORDING STUDIO / VOCAL SESSIONS IN KINGSTON
Aux commandes du projet Brain Damage depuis 1999, et au fil d’une discographie riche de plus de 10 albums, Martin Nathan a déjà exploré bon nombre des différentes facettes de son style de prédilection, le dub.
Après avoir contribué à en poser les fondations en France, il n’a cessé de participer à son évolution en en proposant des versions tour à tour urbaines, atmosphériques, expérimentales, et récemment beaucoup plus proches de certains modèles développés au Royaume-Uni.
C’est cette fois ci à Kingston en Jamaïque, qu’il s’est rendu, pour réaliser la partie principale de ce nouvel opus, dans l’idée d’explorer plus profondément les origines du style. Son lien d’amitié avec Samuel Clayton Jr, ingénieur du son et producteur internationalement reconnu (Steel Pulse / Toots & the Maytals) a été prépondérant dans le choix de cette destination. Ce personnage incontournable en Jamaïque lui a en effet ouvert les portes du mythique Harry J studio (Bob Marley / Burning Spear), et a pu lui permettre d’établir des connections improbables avec des artistes légendaires pour d’inoubliables sessions studio.
L’idée première du projet était de faire appel à certains acteurs de la fameuse génération qui a contribué dans les années 60/70 à faire ce qu’est le reggae, et par extension, le dub.
Se succèdent donc derrière le micro 5 vétérans du style, tous contemporains, mais aux sensibilités et aux parcours totalement distincts. Aujourd’hui toujours superstars pour certains, à l’image de Horace Andy, à la voix reconnaissable entre mille et coutumier des collaborations avec Massive Attack, un peu oubliés pour d’autres, comme Kiddus I, qui fut pourtant le héros d’une scène clé du film culte « Rockers » en 1978, tous ont su garder leur talent intact. C’est le cas de Willi Williams, auteur de l’intemporel hit « Armagideon Time » repris par The Clash comme par tant d’autres, mais aussi de Winston Mc Anuff, qui ne cesse encore à l’heure actuelle de nous étonner par ses collaborations avec des artistes français pourtant si éloignées de l’univers reggae (Camile Bazbaz, Fixi). Enfin, le doyen Ras Michael, qui fût pendant tant d’années l’un des ambassadeurs des traditions Nyabinghi à l’échelle internationale, continue de nous sidérer par ses interventions vocales empreintes de tant de spiritualité, et son jeu de percussion unique.
Tous ont su, le temps d’une session studio se fondre à l’univers musical proposé par Brain Damage, et se prêter également à l’exercice de style suggéré par l’artiste : écrire la majorité de leurs textes sur le thème de leur enfance, l’enfance, la jeunesse, et l’éducation.
Le résultat de ces collaborations est unique, constitué d’un mélange de maturité et de fraîcheur dû sans doute à l’ouverture d’esprit et au talent de chacun des protagonistes.
★ HARRY J. STUDIO
C’est en 1972 que le producteur Harry Zephaniah Johnson, plus connu sous le nom de Harry J, vend son magasin de disques pour créer son propre studio à Kingtson, Jamaïque. Le lieu deviendra l’un des studios les plus connus de l’île, notamment pour y avoir hébergé les enregistrements de quelques-uns des plus fameux albums de Bob Marley, dont « Rastaman Vibration » et « Catch A Fire », mais aussi pour y avoir accueilli des artistes aussi légendaires que les Rolling Stones, The Who ou Grace Jones.
On dit également que l’un de ses ingénieurs du son résidents, Sylvan Morris y aurait effectué les premiers mixes dub de l’histoire, avant King Tubby ou Lee Scratch Perry.
Après y avoir travaillé des années à ses côté, le musicien producteur Stephen Stewart réouvre et rééquipe le lieu en 2000, alors inactif depuis 7 ans, pour y solliciter le retour d’artistes comme Burning Spear, Toots, ou encore Sly and Robbie.
★ WILLI WILLIAMS
Né en 1953, il travaille aux côtés de Coxsone Dodd dès 1968 et fonde avec deux de ses amis le sound system « Tripletone ». Il produit quelques titres pour Delroy Wilson, The Versatiles ou encore Rhythm Force, connus plus tard sous le nom des Wailers. Il s’installe à Toronto au Canada en 1974, ou il se lie d’amitié avec Jackie Mittoo avec qui il collabore régulièrement. En 1979, il travaille à nouveau avec Coxsone Dodd et enregistre l’immense « Armagideon Time ». Cette chanson est en parfaite adéquation avec l’esprit punk, qui attire immédiatement l’attention du groupe The Clash qui la reprendra en face B du classique « London Calling », ainsi que sur l’album « Black Market ». Il enregistre par la suite chez Studio One de nombreux singles, ainsi que les albums « Armagideon Time » et « Messenger Man » en 1980. Il collabore avec le producteur anglais Jah Shaka au début des années 90, le temps de deux albums, et produira les suivants sur le label Drum Street. Plus récemment, la double compilation « From Studio One to Drum Street » a connu également un succès international.
★ HORACE ANDY
Né en 1951 à Kingston, élevé par sa mère, Horace Hinds grandit dans une famille mélomane et commence sa carrière de chanteur âgé seulement de 16 ans. Coxsone Dodd le renomme rapidement en hommage au chanteur Bob Andy alors au sommet de son succès pour le distinguer de son cousin, Justin Hinds également sur le devant de la scène à la même époque. Horace Andy connait immédiatement un énorme succès aux côtés de Dodd, et beaucoup de ses singles sont propulsés au sommet des charts. Au début des années 70, il quitte pourtant le producteur pour travailler avec bon nombre de ses confrères, Phil Pratt, Derrick Harriot, Ernest et Jo Jo Hoo Kim, Harry J et Niney pour ne citer qu’eux. Ce fut néanmoins son union avec Bunny Lee au milieu des années 70 qui lui apporta ses plus grosses retombées financières.
Il s’installe en 1977 aux USA ou il réalise notamment l’incontournable album « In The Light », et sa déclinaison dub signée Prince Jammy. Il crée également son propre label Rhythm, puis collabore entre autres avec Tappa Zuckie, puis Don Carlos et Chaka Demus dans les années 80, avant de déménager à Londres ou il rencontrera entre autres Jah Shaka.
Dans les années 90, le groupe de trip hop bristolien Massive Attack le contacte, et il apparaîtra sur 4 des 5 albums, ces albums, connaissant alors un succès mondial sans précédent.
★ WINSTON MAC ANUFF
Né en 1957 dans une famille de pasteurs, il commence comme beaucoup de ses contemporains par chanter du gospel. Il enregistre dans les années 70 deux albums dont le succès restera confidentiel, même si certains morceaux, comme « What Man Saw » seront internationalement diffusés. Il connait néanmoins une notoriété tardive, notamment en France en collaborant avec le label Makasound, qui réédite ses albums, ainsi que d’autres morceaux enregistrés à la même période, sous la forme d’une compilation : « Diary of the silent years, 1977-2000 ». Celui que l’on surnomme « The Electric Dread » commence alors un période d’activité artistique intense, avec la réalisation de l’album « Nostradamus », mais surtout avec divers projets, s’éloignant bien souvent du reggae, impliquant des artistes français tel que Camille Bazbaz, M, Java, ou plus récemment l’accordéoniste Fixi.
★ RAS MICHAEL
Né en 1943, Michael George Henry est élevé dans une communauté rasta. Au milieu des années 1960, il crée son propre label Zion Disc avec lequel il réalise de nombreux singles, tout en travaillant pour Coxsone Dodd comme musicien de session studio.
Il est aussi le premier membre du mouvement rasta à avoir sa propre émission de radio en Jamaïque. Il contribue également à la même époque à des sessions studio aux côtés de Bob Marley et Lee Scratch Perry au fameux Black Ark Studio.
Il réalise de nombreux albums avec son groupe, The Son of Negus, et devient rapidement très renommé pour ses interprétations de chants et de percussions traditionnelles Nyabinghi. Il vit aujourd’hui en Californie, où il préside au centre international culturel rastafari Marcus Garvey de Los Angeles. Le gouvernement jamaïcain a récemment annoncé sa décoration de l’ « Order of Distinction », sixième ordre national, pour sa contribution au développement de la musique jamaïcaine.
★ KIDDUS I
Né en 1944, Kiddus I devient subitement une légende en 1978 grâce à son apparition dans le film culte « Rockers ». Dans la scène clé qui lui est consacrée, tournée au Harry J studio, il y interprète le fameux« Graduation in Zion », un classique jusque là resté inédit pour les besoins du film à la demande du producteur Jack Ruby et du réalisateur Ted Bafaloukos. Néanmoins, alors que des artistes comme Burning Spear ou Gregory Isaac profiteront du rayonnement international de « Rockers », il fut impossible même d’entendre les enregistrements de Kiddus I jusqu’à une période toute récente, la majorité des bandes masters de l’époque ayant en effet été « perdues ».
Kiddus se qualifie lui même, non sans humour, comme l’un des artistes les plus enregistrés, et les moins édités de Jamaïque. Accompagné du guitariste China Smith, il sort enfin son premier album officiel en 2004 grâce au label Makasound. On peut tout de même répertorier bon nombre de ses singles, produits dans les années 70 et 80, dont certains on été réédités par le label japonais Dubstore en 2007.