Avec l’album Ashes to ashes, Brain Damage opérait en 2004 une plongée presque schyzophrène dans une musique au fond plutôt sombre et froid, qu’il opposait alors à une version personnelle d’un reggae dub infiniment plus mélodique et harmonieux. S’il est vrai que le duo avait depuis fortement glissé vers le côté obscur de cette dichotomie, il aura fallu attendre 2012 pour assister à un grand retour vers la mélodie, la chaleur et le rapprochement de certains grands modèles anglo jamaïcains du genre. Pour ce faire, Martin NATHAN – désormais seul aux commandes – a choisi de s’entourer de vocalistes de talent qui ont su transcender les univers musicaux qu’il leur a proposé. Et si chaque individualité a amené un peu de son univers, il est intéressant de noter que ces artistes semblent bel et bien posséder des préocupations communes, qu’ils évoquent respectivement dans leurs textes.
Quand Learoy Green parle de la jeunesse du ghetto, Madu Messenger évoque les grands généraux des armées de la finance, que Brother Culture propose de combattre avec son « plan radical ». Zeb Mc Queen, quant à lui s’interroge sur l’attitude à adopter quand le totalitarisme fondra sur nous, ce à quoi M. Parvez semble vouloir répondre que nous ne disposons aujourd’hui que d’une marge de manœuvre plus que réduite. C’est Sir Jean qui mettra sans doute tout le monde d’accord en engageant les différents artistes contemporains à faire attention aux mots qu’ils utilisent, aux rôles qu’ils doivent tenir, à l’exemple qu’ils doivent donner, en particulier à la jeunesse.
«A notre humble niveau, agir avec nos propres armes sur les choses et les gens qui nous entourent», c’est justement le message que Brain Damage entend faire passer avec ce nouvel album.
Un manifeste musical résolument optimiste, contrastant avec l’esthétique ténébreuse développée ces dernières années.